« Un film de vampire. Un film d’amour. Une bande-son. » Ainsi Victor Iriarte définit-il Invisible, son premier long-métrage. Gageons que ces trois motifs laconiques offrent néanmoins des pistes. Pourquoi « invisible », d’abord ? Si une histoire de vampire est évoquée, racontée par bribes sur cartons, on ne la verra jamais débuter, hormis quelques plans conclusifs dans une forêt enneigée. Un film en a peut-être vampirisé un autre. Et l’amour, dans ce film à personnage unique? Justement, à l’écran, une femme, toujours seule, toute à son ouvrage. Sans doute est-ce un regard d’amour (fini ? vampirisé lui aussi ? vampirisant ? ou infiniment continué ?) qui est portée sur elle. Quand à la musique, omniprésente, elle est la véritable héroïne. Fabriquée devant nos yeux par cette jeune musicienne, Maite Arroitajauregi, surnommée Musergo (la chauve-souris !), au milieu d’un studio d’enregistrement, elle est destinée à produire la BO du film fantôme.
Invisible, donc, tresse trois fils. Des images à composer soi-même à l’aide des textes sur carton ; un amour manifeste, mais nullement déclaré : secret surexposé laissé pourtant au secret ; la BO du film et la lente montée de son élaboration, normalement cachée. Invisible, ce titre s’avère trompeur, vise plutôt à faire voir l’invisible. Celui du travail ; celui des sentiments derrière le labeur ; celui, aussi, occulté, en latence, derrière tout ce qu’un film parvient à montrer : images fantasmées sous les images exhibées. (JPR)
Fiche technique
ÉCRAN PARALLÈLE / LES FILS DU SON
Espagne, 2012, Couleur, DV, 8mm, 65’
Image et montage : Víctor Iriarte. Son : Ander Barriuso, Víctor Iriarte.
Production : Cajaconcosasdentro, Krea Expresión Contemporánea – Distribution : Victor Iriarte
Filmographie : El mar, 2010 ; Zortzi-Bederatzi: Lisabö, 2009 ; Apuntes para una película de espías, 2008.
Avec : Maite Arroitajauregi Mursego