Jean Boiron Lajous (présent à FIDCampus il y a trois ans) présente ici son premier long métrage, fruit de sa rencontre avec la ville de Trieste et de ses habitants qu’il décrit tous deux ainsi : « perturbés par le vent, confrontés aux montagnes et attirés par le large ». L’essence du fi lm tient dans cette identité de la ville avec ceux qui y vivent. Adama, Biljana, Allessandro, Lisa, davantage que nos guides à travers Trieste qu’ils arpentent chacun à leur manière, en sont l’incarnation. D’ici et d’ailleurs, ils révèlent petit à petit leur rapport à la ville tandis que des liens se tissent entre eux – un fil que Jean Boiron Lajous tire délicatement, laissant à chacun le temps d’exister.
La caméra embarque avec eux, selon une distance juste et chaleureuse, suffisamment proche pour saisir leurs doutes mais qui laisserait à leur intériorité le mystère qui est aussi celui du lieu, offrant toujours la place au mouvement et à l’imprévu, à la recherche d’une stabilité qu’on ne trouve que dans le perpétuel déséquilibre de la marche. Seules restent immobiles les statues qui parsèment le film : écrivains en escale pour un temps à Trieste, et qui y ont laissé une partie d’eux-mêmes. James Joyce, Umberto Saba, Italo Svevo. C’est sous leur patronage que le fi lm s’écrit et que les jeunes gens qui le traversent se construisent et font, sans le vouloir, génération. (CG)