Fraîchement diplômé de l’école de cinéma, je me suis beaucoup intéressé à la région natale de ma grand-mère. Elle habitait une petite maison perchée au sommet d’une colline dans la région méditerranéenne à l’ouest de la Slovénie. Bien que la vie depuis des générations soit économiquement difficile, c’est un lieu où l’on se sent bien, à la fois empreint d’espoir et de couleurs chatoyantes.
C’est peut-être mon désir de mieux comprendre la nature de cette joie qui m’a poussé à entreprendre des recherches sur les fruits. En outre, cette curiosité m’a ouvert nombre de portes que, sans cela, je n’aurais jamais pu franchir. Interroger les gens sur leurs arbres fruitiers ou sur les souvenirs de fruits particuliers de leur enfance a permis des échanges plus personnels. Au travers de mythes, de fantasmes et de rêves, une relation intime à ces fruits s’est imprimée dans la mémoire collective de la région.
Après des années de recherches, j’ai commencé à mieux comprendre les liens entre mon engagement dans le cinéma et mes recherches sur les fruits : bien plus que toute autre denrée que nous consommons, les fruits inspirent l’imagination. Une fois mûr, le fruit est coloré et désirable : son parfum est agréable, sa saveur sucrée. À son cultivateur, le fruit transmet aussi l’écoulement du temps, il encourage le sens de la mesure et de la patience. Un arbre fleurit au printemps, son fruit mûr tombe l’été venu, portant en lui la semence d’une nouvelle plante qui reposera et hivernera pendant un an ou deux, puis reprendra une nouvelle fois le cycle de croissance. Ce dernier suspend le producteur dans l’attente patiente qui, elle-même, suscite l’envie du récit.